Au Gabon, le code civil de 1972 juge la polygamie « conforme » aux pratiques coutumières matrimoniales. « Qu’il s’agisse du Code civil gabonais ou de nos lois coutumières, la polygamie est admise comme valeur sociétale », précisait l’anthropologue Emmanuelle Nguema Minko en 2021.
Mais selon l’article 40 du décret n°1059/PR du 24/11/1976, « les militaires sont astreints au mariage monogamique et ne peuvent contracter mariage sans autorisation de l’autorité habilitée ». Le nouveau chef de l’Etat (au pouvoir depuis le 30 août dernier), le général Brice Clotaire Oligui Nguema, désirait-il soigner ses camarades généraux? Ou leur faire profiter d’une mesure dont il bénéficie déjà lui-même. En effet le président de la Transition partage deux foyers. L’un avec la première dame Zita Oligui (ci-dessus, photo AFP), l’autre avec Avome Oligui.
Toujours est-il que conseil des ministres du lundi 22 janvier 2024 a entériné le projet d’ordonnance modifiant le Statut Particulier des Militaires, ratifié par la loi n° 18/2010 du 27 juillet 2010. Il a officialisé la possibilité de souscrire à l’option polygamique du mariage pour certaines catégories de militaires, en fait exclusivement les officiers généraux.
Une avancée significative, selon des Gabonais. Et « discriminatoire » pour d’autres. Interrogée par RFI, l’ancienne procureure de la République, Sidonie Flore Ouwé, également présidente de l’ONG féministe « Salon de la femme », s’indigne que seuls les généraux profite de cette avancée: « Que cela soit démocratisé ! Que tous les militaires aient la possibilité d’épouser plusieurs femmes pour ne pas verser dans une forme de discrimination. »