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Les Guinéens sont dans l’attente d’une nouvelle équipe gouvernementale. A ce sujet, nous avons rencontré pour vous, le président du parti Bloc pour l’Alternance en Guinée (BAG), Abdoulaye Sadjo Barry. Profitant de l’occasion, il a présenté le portrait-robot du futur gouvernement qu’il aimerait voir tout en formulant des recommandations pour la reussite de la transition en Guinée. Lisez !

Billetdujour.com : le gouvernement de transition vient d’être dissout.Quelle est votre première lecture?
Abdoulaye Sadjo Barry : pour moi, cette dissolution peut traduire une volonté de remettre les choses sur les rails.Vous savez, on était en train d’évoluer en reculons.Tout le monde le sait. Ça ne marchait plus en Guinée. On partait en reculons . Et, si vous partez en reculons, vous ne pouvait aller en avant que si vous faites un arrêt. La dissolution du gouverment correspond à cet arrêt. La mesure de dissolution du gouvernement a marqué un début d’espoir à nouveau. Si vous avez remarqué, les mouvements de contestation avaient commencé de prendre de l’ampleur à Conakry.
Si les syndicalistes avaient déclenché aussi leur action, c’était probable de se retrouver dans pareille situation que nous avons connue en Guinée dans les  années 2006-2007.C’est pourquoi, je pense que prendre le devant a été la démarche la plus intelligente que les tenants du pouvoir pouvaient entreprendre en ce moment.

Pour le nouveau gouvernement, quel portrait robot proposez vous ?

Les jeunes militaires qui sont actuellement au pouvoir doivent comprendre que la Guinée traverse une situation de crise. Je rappelle que j’avais écrit à des ministres du gouvernement dissout après l’incendie de Kaloum. Je leur ai dit qu’il faut prévenir le président de la transition que la situation du pays va se dégrader dans deux à trois mois qui viennent. On risque d’avoir des crises graves et qu’il faut prendre le devant. Malheureusement, il n’y a pas eu de suite.
Aujourd’hui, nous avons besoin d’un retour à la stabilité. Un retour à un système qui permet de redonner confiance aux investisseurs guinéens et étrangers. Nous avons perdu la confiance, tout le monde se méfie. Pire, même les Guinéens n’investissent plus sérieusement dans le pays. Les étrangers intelligents ne le font pas quand un pays ne rassure pas.
C’est pourquoi,  le gouvernement qui doit être mis en place doit être une équipe qui rassure. Des gens que la population peut applaudir. Il faut éviter de ramener quelqu’un qui était déjà décrié.
Quand le gouvernement a été dissout, les mouvements de grève ont été arrêtés. Parce que les gens pensent que l’espoir est encore permis. Mais s’ils ramènent des ministres décriés, c’est qui s’est passé avec Eugène Camara sous le général Lansana Conté que les Guinéens vont revivre. La contestation population va être précipitée et le résultat sera mauvais. Le CNRD doit aller cette fois-ci avec prudence en nommant un gouvernement qui redonne de l’espoir aux Guinéens. Avec cette stratégie, toutes les contestations qui leur visait vont se taire. Ils ( les militaires au pouvoir, Ndlr) auront la chance de se repartir de zéro sans trouble. Ils ont maintenant la chance pour un départ positif où de rendre la gouvernance très difficile voire impossible,

Pourquoi pas d’un gouvernement d’union nationale, comme beaucoup le suggère ?
Le gouvernement d’union nationale est souvent un produit de compromis bidon. C’est-à-dire au quel on met une part pour la société civile, une part pour les partis politiques, une part pour ceci ,… On est obligé même de prendre des gens qui ne sont pas à la hauteur juste pour satisfaire tout le monde.
Quand un gouvernement est destiné à satisfaire tout le monde, ça ne marchera pas. C’est pourquoi, je suggère un gouvernement dans un sens d’union nationale tout en choisissant des personnes crédibles, qui donnent de la crédibilité au pouvoir afin que la Guinée bénéficie à nouveau de l’assistance et d’une coopération positive. Mais simplement réunir, prendre des gens n’importe comment, qui n’ont pas de compétence pour dire gouvernement d’union nationale, je leur conseille de prendre des gens qui peuvent leur apporter quelque chose. Et, dans la gestion, notamment le nombre de ministres , EPA, il faut toujours minimiser , rationaliser les dépenses parce que nous sommes en transition. Pour les deux ans passés, tous les organes de transition ont failli avec des énormes dépenses.

Pour le choix du futur premier ministre, certains Guinéens estiment que ça devrait être un politique pour faciliter le retour rapide à l’ordre constitutionnel. Que répondez vous ?
Le premier ministre ne doit pas être forcément politique. Il doit être un Guinéen intègre en qui , la population peut avoir confiance.

Quel doit être les priorités des priorités de cette nouvelle équipe?
La priorité doit être de voir comment la Guinée va renouer avec la communauté internationale, les bailleurs de fonds qui peuvent aider à la réussite de la transition. Ce que je dirais à nos frères et sœurs militaires que notre pays ne doit pas se permettre d’aller à la dérive. Ils ne doivent pas tenter de s’éterniser au pouvoir si non, ils perdront la confiance et ils n’auront pas de soutiens de la communauté africaine et étrangère. Et, même les promesses pour les projets de développement seront arrêtés. Le pays va souffrir de plus avec les crises.
Que les hommes forts du pays acceptent de nous offrir un héros. Nous n’avons plus besoin d’un président mais d’un héros. Un homme qui va sacrifier ses propres intérêts pour son peuple, qui va sacrifier ses intérêts et si besoin en est , aller à l’encontre des recommandations que la volonté des siens pour pouvoir sauver la nation. C’est de cet héros que nous avons besoin aujourd’hui.
Avez-vous un message à lancer ?

Aux tenants du pouvoir, c’est d’accepter aujourd’hui, d’étre des héros pour la Guinée. Et non plus des présidents, des secrétaires d’Etat …. Leurs actions doivent s’inscrire dans la logique de sortir la Guinée d’une crise institutionnelle.
A la classe politique et aux syndicats, nous avons demandé de mettre fin à un système que tout le monde avait décrié. Les autorités de la transition ont décidé de dissoudre le gouvernement qui, en réalité après deux ans, n’a réussi qu’à frustré la population et à mettre tout le monde contre la junte.
Si aujourd’hui, on leur demander de procéder à une correction, de reprendre la situation en main et remettre la Guinée sur les rails pour une transition normale, ils ont décidé de dissoudre le gouvernement , il faut être positif. Il faut considérer que c’est pour apporter une reponse aux exigences finalement du peuple de la classe politique, des syndicats bref de la société civile.
Il faut soutenir l’action qui consiste maintenant à accepter cette dissolution du gouvernement comme un début de solution pour redémarrer de façon positive. Leur action peut-être salutaire pour la Guinée si elle consiste à corriger les failles des deux dernières années pour nous ramener sur les rails.

Mobaillo Diallo pour Billetdujour.com