Le président du tribunal criminel de la première instance de Dixinn, Ibrahima Sory II Tounkara a rendu le verdict du procès du massacre du 28 septembre 2009. Parmi les 11 prévenus envoyés par-devant la barre dudit TPI, figure l’ex chef de la junte, président du Conseil national pour démocratie et le développement, (CNDD), le capitaine Moussa Dadis Camara.
Manifestement, au regard de la sentence du juge Tounkara, le capitaine Moussa Dadis Camara a pêché pour sutout pour son inertie face aux crimes commis en tant responsable.
« Sur la responsabilité du capitaine Moussa Dadis Camara. Vue les artistes 28 du Statut de Rome et 198 du Code pénal. Il est constant qu’en septembre 2009, le capitaine Moussa Dadis Camara assumait les hautes fonctions du chef de l’État. Fort de cette qualité, il nommait aussi bien, les emplois civils et militaires. Les actes de nomination des membres du gouvernement en janvier 2009. Et celui d’Aboubacar Diakité dit Toumba en font foi. La garde présidentielle, l’unité d’élite chargée pour assurer sa sécurité relevait directement de lui.
Dans sa déposition à la barre, l’ancien chef d’État-major général des forces armées, Oumar Sano a déclaré ce qui suit: la garde présidentielle était placée sous le commandement direct du président Moussa Dadis Camara. C’est ce qui ressort d’ailleurs du procès verbal d’interrogatoire en date du 21 mars 2017, du commandant Aboubacar Diakité dit Toumba. À la prise du pouvoir, tous les groupes qui ont aidé Dadis relevait directement de lui. Ceci démontre à suffisance que ces militaires qui portaient des bérets rouge et qui ont opéré le 28 septembre 2009 au stade éponyme étaient tous de la garde présidentielle. Donc placé sous l’autorité et le contrôle effectif du capitaine Moussa Dadis Camara.
Il est judicieux de préciser qu’avant le massacre du 28 septembre, certains actes préparatoires ont été concoctés par le capitaine Moussa Dadis Camara lui-même, mais aussi par certains proches du régime. Tels que Claude Pivi, Gono Sangaré, Georges, Makambo, Blaise Goumou et d’autres. Ces actes préparatoires sont entre autres la mobilisation des féticheurs par Gono Sangaré, l’encadrement de Claude Pivi de 400 jeunes dans l’enceinte de la présidence et l’infiltration des recrues de Kaléya, parmi les manifestants par Georges.
Sur l’infiltration des recrues de Kaléya. La déposition à la barre de Mamadi Soumaoro est sans équivoque quand il a dit. J’étais en formation commando à Kaléya et c’est colonel Bienvenue qui était mon directeur. Il y avait environ 12 000 recrues au camp. À l’approche des évènements du 28 septembre 2009, plus précisément le 24 septembre, le sergent Bamba est venu lire la liste de ceux qui doivent aller en mission. Mais nous autres, on se demandait de quelle mission s’agissait-elle. Ces commandos sont partis même Bienvenu Lamah avait disparu. Quelques jours après, lorsqu’ils sont revenus, l’un d’entre eux avait une moto et de l’argent, d’autres étaient grièvement. C’est le nommé Moryba qui m’a dit qu’il y a eu des dégâts à Conakry. Je précise que les colonels Blaise Goumou, Jean Louis, Bamba et Gono Sangaré étaient fréquemment à Kaléya. Il faut noter que c’est Jacques Maomy qui a dirigé l’équipe qui est partie au stade qui était composée de 350 à 400 hommes. Quand Bamba lisait, le colonel Bienvenu Lamah était présent et tous ces gens-là venaient essentiellement de deux compagnies: Charlie composée de féticheurs et de Titanic. J’ai vu certains sortir du camp Kaléya armée de fusils Aka 47 et habillés en tenu de couleur kaki.
En plus, il ne pouvait ignorer la tenue de cette manifestation, car résultant de ses propres déclarations à la barre relative aux informations qu’il a reçu de son chargé des opérations feu Joseph Makambo Loua, la veille et le 28 septembre 2009 devait permettre au capitaine Moussa Dadis Camara sans nul doute d’empêcher sa répression.
Dans le même ordre, afin de mettre en exécution ces actes préparatoires le 28 septembre 2009, la garde présidentielle s’est rendue au stade sur ordre du capitaine Moussa Dadis Camara. Cette thèse est utilisée par la déclaration tenue par Aboubacar Diakité dit Toumba, lors de son interview le 5 février 2010 sur les ondes de la Rfi en ces termes: moi je demande au général Sékouba Konaté de me gracier par rapport aux événements du 28 septembre. Parce que ce jour-là, on s’est rendu au stade du 28 septembre et que même eux, ils le savent, c’était sur l’ordre du président de la République. L’armée c’est la hiérarchie et la hiérarchie ce sont des ordres.
Pire, si on s’en tient aux déclarations de la même personne tenu à l’audience publique. On s’aperçoit que l’intention du capitaine Moussa Dadis Camara était de réprimer la manifestant. J’ai vu ce jour-là, un homme excité qui m’a dit Toumba, le pouvoir est dans la rue. Ils vont le regretter, il faut les mater.
Il faut reconnaître que le capitaine Moussa Dadis Camara a complètement manqué à son devoir d’interrompre le massacre. Sa déclaration à la barre prouve toute son indifférence face à la situation. Quand il dit ceci: lorsqu’on m’a dit que le massacre était en cours au stade, j’ai dit que je n’avais aucune possibilité d’envoyer des agents pour intervenir. Aussi , si le capitaine Moussa Dadis Camara avait désapprouvé leurs exactions. Il aurait sanctionné administrativement ou aurait pris des mesures disciplinaires contre eux, chose qu’il n’a pas faite malgré sa connaissance de crimes commis et le contrôle qu’il exerçait sur leurs auteurs. Il s’en suit qu’il a également manqué à son obligation de sanctions, telle que prévu par l’article 28 du Statut de Rome.
En conséquence de tout ce qui précède, il convient de déclarer capitaine Moussa Dadis Camara coupable des faits de crimes contre l’humanité sur la base de la responsabilité supérieure hiérarchique », a condamné le président du TPI criminel de Dixinn, Ibrahima Sory II Tounkara.
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