La Guinée traverse une crise de liquidité sans précédent, marquée par une baisse alarmante de la masse monétaire en circulation. Cette situation, qui inquiète économistes et acteurs du secteur bancaire, découle de plusieurs facteurs structurels et pratiques financières spécifiques.

La disponibilité des billets de banque en circulation a diminué de manière significative. L’une des principales causes de cette situation est une gestion non conventionnelle des devises, visant à obtenir des liquidités en dollars hors des circuits bancaires classiques.

Un monopole a été instauré dans l’achat de l’or brut artisanal, confié exclusivement à un seul opérateur économique. Une fois récupéré, cet or est cédé à la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG), avant d’être expédié à Dubaï pour un processus de raffinage. Il est ensuite revendu contre des dollars.

Cette concentration financière a entraîné une rétention de liquidités. Ces capitaux restent ainsi immobilisés sous forme de cash, limitant fortement la circulation monétaire dans le pays.

Un cas similaire s’est produit sous le régime de Sékou Touré, avec la monnaie Syli. À cette époque, la méfiance généralisée vis-à-vis des banques freinait la circulation monétaire. Pour contrer cette immobilisation financière, le gouvernement avait mis en place un vaste réseau d’entreprises publiques offrant des biens à bas prix, facilitant ainsi l’activation économique.

En 1985, sous l’impulsion du FMI, un changement brusque de monnaie fut décidé pour relancer l’économie, entraînant le passage du Syli au Franc Guinéen (GNF). Cette transition monétaire avait nécessité la fermeture temporaire des banques pour éviter les fuites et manipulations.

Aujourd’hui, pour remédier à cette crise de liquidité, une régulation plus stricte et une réintégration progressive des capitaux dans le circuit bancaire apparaissent comme des mesures indispensables. Toutefois, leur mise en œuvre nécessiterait une volonté politique forte et une transparence accrue dans la gestion financière du pays.

John Bilivogui