Depuis quelques mois, la Guinée traverse une crise énergétique sans précédent, ramenant des souvenirs douloureux des délestages incessants de l’ère Lansana Conté. Les Guinéens, habitués à un approvisionnement électrique quasi continu depuis 2010, se retrouvent soudainement plongés dans l’obscurité. Cette situation met en lumière les lacunes et les choix stratégiques des différents gouvernements qui se sont succédé, ainsi que les défis auxquels le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD) doit maintenant faire face.
𝐔𝐧 𝐏𝐫𝐨𝐛𝐥𝐞̀𝐦𝐞 𝐄𝐧𝐫𝐚𝐜𝐢𝐧𝐞́ : 𝐋𝐚 𝐃𝐞́𝐩𝐞𝐧𝐝𝐚𝐧𝐜𝐞 𝐚̀ 𝐥’𝐇𝐲𝐝𝐫𝐚𝐮𝐥𝐢𝐪𝐮𝐞
Depuis des années, l’hydraulique reste pratiquement la seule source d’énergie exploitée en Guinée. Cependant, cette dépendance expose le pays à des vulnérabilités majeures. Actuellement, la Guinée a des besoins énergétiques estimés à 678 MW, tandis que les barrages de Souapiti et Kaleta, avec une capacité installée de 812 MW, ne produisent en réalité que 150 MW. Cette disparité significative entre la capacité installée et la capacité réelle de production résulte de plusieurs facteurs, dont l’irrégularité des précipitations et la mauvaise gestion des infrastructures existantes.
𝐃𝐞𝐬 𝐒𝐨𝐥𝐮𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐅𝐞𝐮 𝐝𝐞 𝐏𝐚𝐢𝐥𝐥𝐞 𝐚𝐮 𝐏𝐫𝐢𝐱 𝐅𝐨𝐫𝐭
Les gouvernements précédents ont souvent choisi des solutions temporaires, préférant masquer la gravité de la situation plutôt que de s’attaquer aux problèmes structurels. Ces décisions ont conduit à des dépenses excessives pour des résultats souvent inefficaces, maintenant ainsi le cycle des délestages et de l’insatisfaction populaire.
𝐋𝐞 𝐂𝐍𝐑𝐃 𝐞𝐭 𝐥𝐚 𝐐𝐮𝐞̂𝐭𝐞 𝐝’𝐮𝐧𝐞 𝐒𝐨𝐥𝐮𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐃𝐮𝐫𝐚𝐛𝐥𝐞
Conscient des défis et des attentes de la population, le gouvernement CNRD a décidé de prendre une direction différente. Parmi ses objectifs figure la mise en place d’un régime respectueux de l’état de droit, doté d’institutions solides et stables. Pour atteindre cet objectif, il est impératif de résoudre la crise énergétique de manière durable.
Le CNRD a donc choisi de rejeter les solutions temporaires, malgré le grand inconfort que cela crée au sein de la population. Le gouvernement s’engage à mettre en œuvre des solutions pérennes pour un avenir énergétique durable et fiable en Guinée. Voici les mesures phares envisagées :
1. Projets Solaires : Le gouvernement s’engage dans des projets solaires en EPC + F ou en BOT, avec une date de livraison prévue pour 12mois. Ces initiatives visent à diversifier le mix énergétique du pays.
2. Centrales Thermiques Temporaires : Pour combler le déficit actuel, il est prévu d’installer des centrales thermiques terrestres ou flottantes, avec une capacité de 100 à 150 mégawatts. Ces installations permettront d’acheter de l’énergie à un coût inférieur à celui payé actuellement, assurant ainsi une fourniture d’électricité plus stable en attendant la mise en service des centrales solaires.
3. Centrales à Gaz : Pour remplacer les générateurs à gasoil dans les régions intérieures du pays, le gouvernement envisage également d’installer des centrales à gaz, en complément de l’énergie solaire.
𝐔𝐧 𝐀𝐯𝐞𝐧𝐢𝐫 𝐄́𝐧𝐞𝐫𝐠𝐞́𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐏𝐥𝐮𝐬 𝐕𝐞𝐫𝐭 𝐞𝐭 𝐏𝐥𝐮𝐬 𝐅𝐢𝐚𝐛𝐥𝐞
Les prévisions indiquent que le niveau des eaux pour l’année prochaine pourrait être similaire, voire inférieur, à celui de cette année. Face à cette situation, le CNRD mise sur un mix énergétique diversifié pour stabiliser l’approvisionnement en électricité.
La voie choisie par le gouvernement CNRD est certes ardue et exigeante, mais elle reflète une volonté de rompre avec les pratiques du passé et de bâtir un avenir énergétique plus vert et plus fiable pour la Guinée. Il reste à espérer que ces efforts porteront leurs fruits et permettront aux Guinéens de retrouver la lumière, au propre comme au figuré.
Patrice GBAMOU
Éditorialiste